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Maïs le retrait du S-métolachlore compliquera le désherbage

Un rapport publié par l'Anses en 2021 avait déjà donné lieu à des restrictions dans les autorisations de mise sur le marché des solutions à base de S-métolachlore.

Il n’existe pas d’équivalent technique pour le désherbage du maïs. Le retrait de la molécule sera d’autant plus préjudiciable pour les maïs spéciaux.

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L’Anses (1) a engagé, le 15 février, une procédure de retrait des principaux usages des produits contenant la substance active S-métolachlore, notamment utilisée pour le désherbage du maïs. « C’est le meilleur antigraminée à notre disposition. Il n’existe pas d’alternative au sens strict à cette molécule, qui soit à la fois efficace, sélective, au même coût, facile à mettre en œuvre et qui couvre les mêmes adventices, insiste Valérie Bibard, d’Arvalis. Toute la charge des utilisations sera reportée sur moins de molécules. »

Manque de sélectivité

Pour gérer les graminées sur maïs, les alternatives à cette substance, désormais sur la sellette, sont en effet seulement partielles. Les produits racinaires DMTA-P et péthoxamide en font partie. Ces derniers ne rivalisent toutefois pas seuls en efficacité avec le S-métolachlore. « Il faudra mélanger les herbicides, ce qui augmentera les indicateurs de fréquence de traitement (IFT). On prend aussi davantage de risques de manque de sélectivité. Contrairement au S-métolachlore, ils ne sont pas formulés avec un phytoprotecteur », prévient l’ingénieure. Si ce risque peut être acceptable en maïs grain et fourrage, il est l’est beaucoup moins en maïs spéciaux (voir encadré). À noter que le péthoxamide est sensible aux conditions sèches et a un spectre d’efficacité moins intéressant que le DMTA-P.

Parmi les solutions à application foliaire, qu’il s’agisse de tricétones ou de sulfonylurées, aucune ne couvre l’ensemble des graminées. « Les sulfonylurées sont des inhibiteurs de l’ALS, famille de produits pour lesquelles on a très vite des résistances chez les adventices. La gestion des graminées par ces molécules-là ne dure donc qu’à court terme », signale Valérie Bibard.

Des freins au désherbage mécanique

Le désherbage mécanique pose quant à lui la difficulté de la gestion des adventices sur le rang. « Par ailleurs, les conditions favorables pour qu’il soit efficace sont moins fréquentes qu’en chimique, souligne Valérie Bibard. Il faut aussi compter une heure de plus de passage à l’hectare. » Pour elle, le travail mécanique est un complément des herbicides, et peut s’intégrer avec plusieurs approches. Par exemple, après avoir assuré une couverture par un produit racinaire, un binage peut suffire en rattrapage, selon les adventices présentes et leur densité. « Si les conditions sont très sèches, il vaudra d’ailleurs mieux une intervention mécanique qu’un désherbage chimique », ajoute-t-elle. Autre possibilité : localiser un herbicide en prélevée sur le rang, permettant ainsi de réduire les quantités utilisées, et compléter assez rapidement par un binage de l’inter-rang. « Pour remplacer un désherbage chimique de rattrapage, il faut compter deux binages », estime Valérie Bibard.

(1) Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail

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